Les propos que je vais exprimer dans cette intervention n’engagent que moi. Je voudrai tout simplement attirer l’attention sur une chose qui me semble importante : la production littéraire écrite en amazighe. Certes, le projet d’ « accumulation » (asgudi) dont feu Ali Sedki Azaykou fut l’un des pionniers, est un projet qui se concrétise jour après jour. Une naissance d’une « œuvre » de la néolittérature amazighe est toujours synonyme d’un événement heureux chez nous, un rayon de lumière, une brique posée pour le grand édifice qu’est la littérature écrite. Toutefois, il faut signaler que certains textes n’ont pas été suffisamment élevés au rang de la littérarité. En d’autres termes, l’expression y est dépourvue de cet aspect esthétique refoulé dans le langage auquel seul un écrivain averti peut accéder. Il ne s’agit point d’écrire dans une langue retouchée avec une épuration maximale qui conduit dans la plupart des cas à des textes hermétiques, ce qui entrave leur réception de la part du lectorat, mais d’écrire dans la simplicité, car, disait-on, tout ce qui est simple s’énonce bien. La création littéraire demande, de surcroît, une recherche consciencieuse, des choix judicieux dans le fond inépuisable des potentialités qu’offre la langue amazighe. En conséquence, la néolittérature amazighe a besoin plus que jamais d’œuvres au sens plein du terme, des œuvres littéraires à célébrer, mais célébrer la médiocrité est, à mon sens, quelque chose de révoltant.