A l’aube, j’ouvre le portail après avoir mis le moteur de mon véhicule en marche, une rosée toute humide vient me lécher la peau, une sensation de fraicheur me traversa le corps en me prodiguant une face rubiconde, le coq ramage sa dernière romance dans le mas d’à coté, le baudet, de ma voisine « Christine trou du cul », brait en emplissant l’espace infini de la compagne, à quoi toutes les rainettes du grand étang répondent par des cris continus, stridents, emmagasinés dans leur sac vocal, au loin, une envolée d’oiseaux nocturnes sillonne la brume figée par un temps humide.
Je partis.
En retard. Mais, cette fois je n’ai rien oublié : mon téléphone portable, mon agenda… et tout ce qui me sert pour travailler correctement sans être à la merci de quiconque. Je quitte le village en m’engageant sur le chemin de compagne qui se termine dix kilomètre plus loin vers le péage de l’autoroute. Le sablier ailé prend son élan, Le temps court plus vite que mon fiacre. Stressé, j’appuie sur le champignon, je prends des risques, comme d’habitude. Tout à coup, comme d’habitude, devant moi madame carpette avec son attelage sans permis, roulon-boulon, bobine sans se pressé, elle m’énerve cette roulure. Comme d’habitude, la brume touche le sol, le titille, vapeur de malheur m’empêche de larguer la pouffiasse. Dans la plaine rase, je mis la gomme pour doubler la vulgaire, l’v’là qu’elle accélère cette vermine, canaille. Elle m’a fait perdre deux minutes cette mégère. Sale carpette, je m’en vais un de ces matins la foutre dans un étang pour tenir compagnie aux vipères de son acabit afin de ne plus la retrouver sur mon chemin (Ast ifk rbbi i talat).
Sur le parking du péage, les pratiquants de covoiturage attendent avec une patiente limite explosion le collègue qui semble t-il est en retard, quelle galère. Entre nous, remplir son véhicule avec des mal lavés et qui plus est vont chaque matin me faire des remontrances sur mes écarts, Never !
Mon badge détecté, la barrière se lève en me montrant une Autoroute plate, éclairée, qui vous met dans un état de confiance totale, pieds au plancher, je vire sur la troisième voie, je remets les gazes l’œil sur les radars, à la vue du mouchard, je lève le pied. Mon atterrissage au péage de sortie s’est fait sans encombre, je suis dans les temps, heureux, j’allume France Cu,Ali baddou et sa clique. Le pseudo journaliste s’extase, montre ses dents, affiche sa jeunesse et sa culture, affiche sa différence, il est comme dit Aznavour :(en haut de l’affiche), en tout cas, Ali baba cartonne.
Comme le soleil se levait en essuyant la plaine et l’horizon d’un blanc jaunâtre, je voyais au loin la ville qui s’étale en crachant des fumées grisâtres ici et là, un bruissement qui montait de la métropole enflait à cette heure, aidé par l’arrivée des bolides de toutes sortes, surgissant des compagnes et des villes avoisinantes. Un flot d’être humain, un fleuve d’acier se déversant vers la ville, tous sur les nerfs, les uns en crachant de la fumée, les autres pestiférant en déversant leur fiole de venin sur tout ce qui bouge ,terre brulée, endroit maudit, solfatare. Je me calme, je résiste, rien n’y fait, je gueule comme un putois : « Avance ! Putain, Avance, idiot regarde devant toi. Et toi ta gueule, mère maquerelle, sinon je m’en vais te foutre ta Uno sur la tranche » vous voulez que je vous dis : Allez, je me casse, je prends ma journée RTT.