-Le monologue Numéro 1
Et alors ! Vous me voyez seule et sans défense, je crie, je hurle, je proclame et manifeste, n’ayez crainte, je ne suis pas morte, je ne suis ni L’Egyptienne de Toutankhamon, ni L’Occitane de Mistral, Dieu merci.
Elle est extrêmement loin de moi cette pandémie qui a fait tant de ravages chez les autres. Oui les autres langues, vous les connaissez. Une bonne partie de ces langues ne sont plus de cette galaxie. Englouties dans l’oubli, perdues dans les brumes des temps, délaissées par l’élite, abandonnées par les descendants, bannies par les colons venus de lointaines contrées.
de nombreuses Langues furent victimes de l’acharnement et de la cruauté des envahisseurs, des meurtrissures de l’occupant.
Vous me voyez seule et sans défense. J’ai résisté. Mes remparts ont tenu les coups de boutoir infligés par ces ingrats de toute nature, et pourtant, depuis des décennies, ils ont pris la résolution de me confiner, de me cloitrer dans le folklore et les paillettes tout en m’enfermant dans une cage transparente, en somme, pour me faire taire et me peindre avec la couleur de la honte en me présentant comme un pantin sur les planches de toutes les scènes mondiale et dans l’univers des marionnettes . Mes détracteurs sont mille et un, et, font feu de tout bois.
L’être humain venu d’ailleurs est abject, il m’a toujours haï, détesté, jalousé. Ces prêcheurs, dont la bouche est remplie de paroles pieuses, m’ont éternellement écartée. Et pour finir, ces égotistes ont eu l’idée saugrenue de me cantonner, dernièrement, dans une bâtisse pour filtrer mes pensées, compter mes adeptes.Moi, je suis née libre dans l’esprit du peuple Amazigh, les montagnes d’Afrique m’appellent, c’est là où je dois vivre, non pas dans un manoir ou dans quelques prisons dorées.
Ce soir, dimanche, il fait froid sur les montagnes de l’Atlas et du Rif, moi, je suis triste, J’ai peur de demain.