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| Gadiris à part | |
| | Auteur | Message |
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Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Gadiris à part Sam 21 Juin - 13:34 | |
| Salam, Je me permets de vous poster des portraits de Gadiris un peu spéciaux,qui,je l'espère,méritent votre attention. J'attends vos commentaires et vos critiques,n'hésitez pas! Tanmirt:
Mohmmad, l’épicier
1. Mohmmad à Tigzirine : II a ouvert les yeux à «Tigzirine»; un petit bled oublié entre Essaouira et Agadir. Il était encore petit mais Dieu était tellement grand dans son cœur qu'il ne se lassait guère de lever les yeux au ciel, guettant le moindre signe de pluie. Il attendait la pluie. Son père attendait la pluie. les paysans démunis attendaient la pluie. Lhaj «Azerg» n'attendait pas la pluie. Ses tracteurs, ses moissonneuses-batteuses, ses terres, ses animaux ont tri¬plé en quelques années. Ses ovins ne se comptaient plus. Ses vaches hollandaises devenaient plus grasses chaque matin et donnaient des tonnes de lait... Et les pau¬vres attendaient la pluie. En regardant le ciel têtu, Mohmmad se demandait: «Pour¬quoi mon père attend-il l'eau du ciel et Lhaj «Azerg» la fait sortir de la terre? Pourquoi n'avons-nous pas un puits chacun et un tracteur et les ventres seront pleins?» Il voulait comprendre et ne comprenait pas. Il était encore petit et son univers était pier¬railles, ivraies, figues de Barbarie, arganiers et chergui. Il était encore petit et sa mère était constamment souffrante en dépit des amulettes et des remèdes du fquih. Il était encore petit et son père était usé par le soleil et la misère. Il ne pouvait plus conti¬nuer à couper le bois de l'arganier en jouant à cache-cache avec le garde-forestier. Il ne savait pas pourquoi «Fouristi» et les «Jadarmia» considéraient cela comme «Défandé». Ne pouvant plus nour¬rir ses enfants, il a pris la décision de faire travailler sa fille aînée dans une maison d'Agadir. Mohmmad, lui, travaillerait dans l'épicerie de son oncle maternel. 2. Mohmmad à Agadir : II est entré à l'épicerie de son oncle pour ne plus en sortir. Il mange à l'épicerie. Il travaille à l'épicerie. Il dort à l'épicerie. Il prend son bain à l'épicerie. Il fait ses besoins à l'épicerie. Il rêve à l'épicerie. Il vit à l'épicerie. Au milieu de la cacopho¬nie de la clientèle, il se déplace toute la journée de la caisse aux étalages, des éta¬lages au réfrigérateur, du réfrigérateur au robinet, du robinet à la caisse... Et ça tourne, ça tourne infiniment. Il se déplace de l'épicerie à l'épicerie. Son espace vital a rétréci et l'a étouffé, lui qui avait l'habi¬tude des friches, des monts, du ciel et du soleil. Ici, il s'asphyxie de jour en jour et son teint devient de plus en plus blême. La journée, ses va-et-vient lui causent le torticolis et le bruit des clients lui donne le vertige: «Un coca moyen, Mohmmad! C'est vrai qu'il n'y a plus de levure, Mohm¬mad? Deux pains et de la menthe, Mohm¬mad! La monnaie Mohmmad, vite! Le sel aussi a disparu, n'est-ce pas, Mohmmad? Mets tout ça sur mon carnet jusqu'à la fin du mois. Mohmmad! Presse-toi, Mohm¬mad!...» La nuit, le Matelas glacé au milieu des caisses de limonades et des boîtes à conserve n'est point confortable. Il ferme les yeux avec peine. Et inéluctablement, les silhouettes de toutes les femmes venues à l'épicerie durant la journée vien¬nent le hanter et le torturer dans son som¬meil. Il se réveille en sueur. Son sang tourne dans ses veines à cent à l'heure. Son bas-ventre lui fait horriblement mal. Et ce maudit liquide qui bouillonne dans ses entrailles. C'est un volcan en ébullition. Il crie dans son mutisme. Il se tortille. Il se mord les lèvres. Rien! Il se... et s'endort enfin. Mohmmad est le prisonnier de l'épice¬rie. Son enfance a été assassinée dans l'épicerie. Personne ne s'arrête pour voir et comprendre son drame dans ses yeux moroses. Maintes fois, il ferme ses petits yeux hagards et se voit gambader dans les champs et escalader la montagne. Il se voit jouer avec le chien et le chat et faire la course avec les boucs. Il se voit rire en chevauchant son petit âne rusé. Il rit, ouvre les yeux et se retrouve à l'épicerie. Des années ont passé et Mohmmad n'a qu'un seul et unique rêve : devenir comme son oncle Si Ali qui n'a jamais fait preuve de magnificence à son égard. Sa raison d'être est d'entasser les billets de banque qui font peur à la faim et vous ouvrent la porte du paradis. Autre chose, c'est de la «foutaise»! Des années ont passé... Maintenant, Mohmmad a un compte à la Banque comme les gens importants. Il s'est marié pour éteindre le volcan qui bouillonne dans son bas-ventre, des années ont passé et Mohmmad est toujours Mohmmad. Son regard égaré est toujours le même et sa «Foukia» n'a pas changé. Pourquoi? Il veut comprendre et ne comprend pas... Et vous, vous vous êtes arrêtés un jour pour voir Mohmmad et comprendre? Ou bien, vous pensez que, ce n'est que Mohmmad, l'épicier? | |
| | | itrinit Modérateur
Messages : 441 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Re: Gadiris à part Sam 21 Juin - 19:33 | |
| Merci Mostafa de nous raconter cette histoire, une histoire triste. c'est vrai, on va chez l'épicier au mois 5 fois par jour, il est pour nous le marchand, le gardien, le banquier, ....un passe partout .... Malheureusement personne ne s'est jamais arrêter pour voir et comprendre le drame de cet épicier.
tigzirine: les iles agadir: forteresse ou grenier azerg: moulin mohmmad: être humain
Mohmmad a quitté ses petites tigzirine/iles où il n'y a qu'un seul haj azerg/moulin avec ses tracteurs, ses moissonneuses-batteuses, ses terres, ses ovins qui ne se comptaient plus et ses vaches hollandaises de plus en plus grasses et donnant des tonnes de lait.
il vient s'installer dans un grand agadir/grenier pour servir jour et nuit des milliers des haj izergwan/moulins qui concassent les terrains, qui broient les roches et qui mettent en boullie tout ce qui présente entre leurs griffes.
merci mostafa | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Gadiris à part Sam 21 Juin - 21:20 | |
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Dernière édition par Zalhoud le Mar 6 Sep - 0:56, édité 1 fois |
| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Re: Gadiris à part Dim 22 Juin - 2:18 | |
| Azul, Merci ,chers amis pur vos commentaires intelligents et pleins de sagesse! J'attends l'avis des autres membres de notre site. | |
| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Re: Gadiris à part Ven 27 Juin - 11:41 | |
| Azul, je suis impatient de lire les commentaires des autres membres sur ce cas social,économique,culturel,politique...qui est celui de l'épicier du coin auquel on ne donne que peu d'importance et qui cache,par pudeur,beaucoup de peines,capables de faire pleurer des montagnes!... Tanirt par exemple,n'a rien à dire sur ce texte? | |
| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Un autre Gadiri à part: Kounou,le cracheur de feu! Lun 30 Juin - 19:30 | |
| KOUNOU, le cracheur de feu
Le souk n'est plus le souk. Le conseil municipal l'a modernisé pour qu'il soit digne du 21 e siècle. La rage épidémique de l'immobilier s'est emparée de lui sans le prévenir. Il s'est vu un beau jour enfer¬mer dans une gigantesque enceinte teinte en rouge. On se demande ce que vient faire une enceinte rougeâtre comme celle de Marrakech au beau milieu de notre cité côtière récemment bâtie. Mais parlons d'autre chose... Nous étions encore petits et le monde nous paraissait immense. Le souk était pour nous un endroit de rêve, d'évasion, de magie et représentait notre principale distraction : les antennes de la RTM n'avaient pas encore poussé sur nos toits. Après la classe, on y accourait. Nous étions surtout attirés par les «Halka». Nous restions des heures, sub¬jugués par les légendes captivantes des conteurs. Nous taquinions les macaques tenus de singer leurs supérieurs humains pour quelques sous. Nous regardions sans oser trop nous approcher, les cobras qui dansaient, charmés par la musique et séduits par les belles touristes qui les prenaient en photo. Nous écoutions sagement les instructions des « fquihs» qui vendent la religion aux badauds. Nous faisions mine de croire tout ce que la voyante faisait voir à son client dans les cartes, surtout quand il s'agissait de travail, de mariage et de bonheur. Nous nous tordions de rire autour du «Docteur des Insectes» ou autour du «Saroukhe» qui nous racon¬taient des histoires abracadabrantes et invraisemblablement drôles. Nous sui¬vions sagement, sans gêne et sans honte, les explications pratiques et obs¬cènes du vendeur de l'élixir aphrodisia¬que qui fertilise la virilité même aux grands-pères. Nous encouragions tantôt le «Chelh», tantôt l'«âroubi» qui se tapaient dessus à tour de rôle, profitant du régionalisme bête et méchant des gens modestes. Nous... Nous... Nous... C'était le paradis, le rêve, l'imagination, la féerie, le rire, le soleil, la poussière, la vie... C’était le souk... Tout a disparu à présent. Parmi ces faiseurs de miracles du souk, j'étais particulièrement impres¬sionné par «Kounou», le cracheur de feu. Il était noir comme la nuit, une vraie colosse. Le crâne dégarni, les yeux rou¬ges comme le feu, les dents noircies par le tabac, le kif et l'alcool. Vêtu d'une simple chemise, d'un pantalon (appelé «Dingri» à l'époque) et de sandales en plastique, il venait sur sa bicyclette, la jetait à même le sol et commençait immédiatement son spectacle. Deux flambeaux, une bouteille de pétrole et une boîte d'allumettes étaient ses seuls accessoires. Il commençait par imbiber ses flam¬beaux du liquide combustible. Il nous fai¬sait languir un instant en répétant sa formule magique : «A barakat Chourfa ! A barakat Toulba !» Puis il remplissait son énorme bouche de pétrole et souf¬flait comme Eole sur le flambeau. La flamme sortait de sa bouche, mena¬çante, effrayante. J'avais l'impression, non, j'avais la certitude qu'elle sortait de ses entrailles comme un dragon. Nous faisions un pas en arrière, puis poussions des clameurs de joie et d'encourage¬ment. Il laissait un moment son flambeau en flammes, tournait dans tous les sens afin d'impressionner son public... Et le moment tant attendu arrivait enfin : Kounou levait le flambeau embrasé, le bras droit comme un champion olympi¬que, et, bredouillant des mots magiques, inintelligibles, venus d’une certaine Afrique ancestrale, la bouche grande ouverte, comme celle d'un fauve, il ava¬lait le flambeau d'un coup énergique et frénétique. Un moment après, il le fai¬sait sortir, éteint! Cela me coupait le souffle ! Quelle drôle de trombine je fai¬sais ! je ne savais pas pourquoi j'étais, à la fois, attiré et effrayé par ce volcan humain. C'était un homme étrange, taci¬turne et horrible. Mais il était bon et inoffensif. Mais tout cela est bien loin à présent. Les «Halka» d'antan ont disparu de notre souk, Kounou avec. Le pauvre bougre est mort dans un accident de circulation, écrasé avec sa bicyclette et ses flam¬beaux par un automobiliste qui roulait un peu plus vite que d'habitude. Mais ce n'est rien, un déchet de la société de moins n'empêche pas les gens comme il faut de manger, de boire et de dormir ! Malheureusement, nos enfants n'iront pas se défouler au souk. Ils ne seront ni émerveillés ni terrifiés par Kounou, le cracheur de feu. Ils connaîtront ces sen¬sations en regardant les films d'horreur à la vidéo. Vive le progrès !
Albayane, 10/02/1996 | |
| | | itrinit Modérateur
Messages : 441 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Re: Gadiris à part Mar 1 Juil - 11:38 | |
| Merci mostafa !! C’était le bon vieux temps, Eh oui !!!! Kounou tué dans un accident de la voie public, La halqa massacré, le souk n'est plus le souk traditionnel et c’est toute notre mémoire collective qu’on a assassiné. Sans mémoire, sans tradition, on ne peut pas bâtir un avenir.
tanmirt mostafa | |
| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Re: Gadiris à part Mar 1 Juil - 16:30 | |
| Salam, Tanmirt a gma itrinit! J'aime ta lecture intelligente et ta sagesse. C'est grâce à des lecteurs comme toi qu'on a envie de continuer à écrire. Tes commentaires m'encouragent et m'enchantent! Merci! | |
| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: L'homme de toutes les qualités Sam 30 Aoû - 18:23 | |
| L’Homme de toutes les qualités
Il est des instituteurs qui vous restent gravés dans la mémoire, à jamais indélébiles. Les oublier est impossible et chaque fois que vous vous rappelez vos souvenirs d'en¬fance, sur le chemin de l'école, vous voyez, dans votre tête, leur visage rayonnant et souriant, clair et limpide, sans rides, en dépit des années gui galopent plus vite qu'un étalon arabe... Parmi ces hommes peu communs, ces perles rares dont l'enseignement marocain peut être fier, il y avait «Si ABOUALMAHASINE». Son nom suffit largement pour le connaître : II était vraiment, réellement, concrètement, sûrement l'Homme de toutes les qualités. Il était le «Maître d'école» avec tous les sens que peut revêtir ce nom : Savoir, pédagogie, sérieux, compétence, modestie, dévouement, élégance, éloquence, sacrifice, probité, abnégation de soi, ténacité, endurance, courage, persévérance, etc. Son devoir, sa mission dans ce bas monde ingrat étaient l'enseignement et l'éducation. On dirait qu'il est venu au monde pour cela et il le faisait avec une vocation et une fougue inima¬ginables. Il ne s'est jamais lassé, il ne s'est jamais ennuyé, il ne s'est jamais arrêté. Rien ne le rebutait : II a défié tous les obstacles, tous les dangers, tous les écueils afin d'as¬sumer sa responsabilité et accomplir son devoir. Il a offert sa vie à ses petits élèves qu'il aimait plus qu'un père. Je me souviens, comme si cela datait d'hier : j'étais un mioche de neuf ans et j'allais chaque soir faire les heures supplémentaires» chez Si ABOUALMAHASINE. Malgré la fatigue de la journée, il travaillait sérieusement avec nous, faisant l'impossible pour que nous soyons studieux et excellents. Et comme sa joie et sa fierté étaient sans limite, quand nous réussissions à la fin de l'année ! Il était tellement satisfait qu'il organisait un festin en notre honneur. Et c'était chez lui que j'ai dégusté pour la pre¬mière fois de ma vie, à l'âge de neuf ans, le délicieux plat marocain de renommée internationale : "La Pastilla" ! Plus tard, longtemps plus tard, une maladie terrible, impitoyable et cruelle s'est abattue sur lui comme la foudre. Les médecins étaient obligés de lui amputer une jambe ! Mais il a refusé la retraite anticipée. Unijambiste, il venait faire son travail : Enseigner. Malgré la douleur, malgré la maladie incurable qui le dévorait chaque jour sans savoir qu'elle avait mal choisi sa victime, sans savoir que cet homme ne méritait pas cette souffrance atroce, il a résisté, il a persévéré, il a lutté jusqu'à la fin, jusqu'à la mort! Non, chers lecteurs de «Espaces Agadir», ce n'est pas un film mélo, je ne vous raconte pas un conte, c'est la vérité, c'est la réalité : Si ABOUALMAHASINE est mort un vendredi matin, le 27/10/1995, dans sa classe, devant ses élèves. Il était en train de faire sa leçon quand la mort est venue le prendre pour le repos éternel ! Un maître d'école qui rend l'âme dans sa classe, la craie à la main, devant ses petits élèves, n'est-il pas semblable aux mar¬tyrs qui se sacrifient dans une guerre sainte ? Ne mérite-t-il pas le paradis divin ? De son vivant, il a reçu maintes lettres de remercie¬ments et de félicitations de la part des délégués du M.E.N d'Agadir. Il fut nanti du «Wissame» du mérite royal, le 20/5/1986. Ce qui prouve sa compétence et son importan¬ce à l'échelle nationale. Après sa mort, et pour ne pas l'ou¬blier, le délégué préfectoral du ministère de l'Education Nationale a décidé de transformer la classe où il est mort en «Centre de Documentation et d'In¬formation» de l'établissement portant son nom «C.D.I ABOUALMAHASINE». Vous pouvez visiter sa classe à l'école «Khadija Oum Almouminine». Vous trouverez ses affaires comme il les a laissées. Vous lirez, sur le tableau, les dernières phrases qu'il avait écrites juste avant sa mort. On n'a touché à rien ! Et pour que notre progénitu¬re garde en mémoire le nom de cet instituteur au talent hors pair, au cœur d'or, à la volonté de fer, la Délégation du M.E.N d'Agadir Idaoutanane organise désormais, chaque année, le «Prix ABOUALMAHASINE» au profit des élèves du primaire... Est-ce suffisant comme honneur posthume ? Pourquoi ne pas appeler une des écoles de la ville d'Agadir «Ecole ABOUALMAHASINE» ? Ne mérite-t-il pas cet éloge et cet honneur ? Ô maître, ta vie était loin d'être futile et inutile. Ta vie valait la peine d'être vécue, avec ses joies et ses peines, ses espoirs et ses déboires. Et tu l'as vécue, cette vie cruelle et tyrannique, cette vie impitoyable et ingrate. Tu l'as vécue jusqu'à la lie, jusqu'à la souffrance, jusqu'à l'agonie, sans te plaindre, sans gémir, sans pleurer sur ton sort. Tu as vécu sans plier l'échine, debout, fier et majestueux, comme un lion. Maintenant, repose-toi ! Personne n'osera plus te déranger. Et rassure-toi, maître, tous les élèves à qui tu as appris «la vie» ne pourront jamais t'oublier. Ton visage rayonnant sourira pour tou¬jours dans leur tête. Ils porteront ton nom «ABOUALMA¬HASINE», pour toujours dans leur cœur. Te voilà éternel, Maître ! | |
| | | itrinit Modérateur
Messages : 441 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Re: Gadiris à part Mar 2 Sep - 12:14 | |
| salam mostafa
qom lilmo3allimi wa waffihi attabjila :: kada almo3allimo an yakuna rasula C’est très touchante cette histoire du feu Aboulmahassine, douloureusement émouvante, ce n’est pourtant qu’un exemple parmi d’autres. Que pouvons nous faire pour témoigner à nos valeureux enseignants de notre immense gratitude ?
Merci pour le corps enseignant. Merci mostafa | |
| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| | | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Les fourberies de Si Abdellah Mar 3 Fév - 20:28 | |
| Les fourberies de Si Abdellah
Vous connaissez sûrement « les fourberies de Scapin ». Mais vous ne connaissez pas « les fourberies de Si Abdellah » pour la simple raison qu'il n'y a pas un « Molière » pour rendre Si Abdellah aussi célèbre que Scapin. A part les habitants de son village, personne ne le connaît. S'il n'y avait pas ses ruses diaboliques et sa malice démoniaque, ce ne serait même pas la peine de parler de lui. En apparence, il n'a rien de particulier : II ressemble tellement à tous les campagnards de la région du Souss. Il habite un petit patelin tout près de la ville de Taroudant, appelé étrangement «ALKCHACHDA» (Allez chercher dans l'étymologie ce que cela signifie !) Si Abdellah est épicier, si on veut : Imaginez ces petites boutiques des campagnes où l'on vend un peu de tout. Vous restez à l'extérieur et on vous sert par une petite fenêtre en guise de comptoir : Si Abdellah est là attendant patiemment ses clients tout au long de la journée. Il ne s'ennuie jamais : il a trouvé un remède infaillible pour combattre la langueur et la monotonie de la vie campagnarde : Jouer des tours aux villageois ! Ses farces deviennent des anecdotes que l'on raconte longtemps lors des veillées autour d'un bon thé «Houari». Il a plusieurs tours dans son sac, nous nous contentons de vous en raconter quelques-uns :
1- L'élève et la lettre compromettante :
Parce que la maîtresse le frappe, un élève décide de faire l'école buissonnière et vient passer l'après-midi jouant tout près de la boutique de Si Abdellah. Le soir, il l'appelle et lui donne une enveloppe en lui demandant de la remettre, en main propre, à son père puisqu'elle contient des documents d'une grande importance. L'enfant court chez lui et donne fièrement l'enveloppe à son père. Celui-ci l'ouvre et lit le message suivant : « Cela fait trois jours que ton cancre de fils ne va plus à l'école et vient me déranger toute la journée à la boutique. Si on ne peut pas surveiller ses enfants, pourquoi les enfanter ? » Le fils échappe par miracle au passage à tabac et passe la nuit à la mosquée du village en maudissant Si Abdellah !
2- Le malade et le médicament-miracle :
Parce que sa boutique fait aussi office de pharmacie, les paysans viennent souvent consulter Si Abdellah et quémander un remède efficace, Un jour, un homme vient solliciter un médicament contre une forte fièvre et un mal de tête insupportable. Il lui donne «quelque chose» enveloppée dans un morceau de papier et lui dit : « C’est un cachet spécial qui vient directement d'Amérique. Surtout, n'ouvre pas le papier sinon l’efficacité du médicament disparaît sur le champ. Attends le soir, bois un bol de soupe bien chaude, couvre-toi avec trois couvertures afin de transpirer, ne bouge pas pendant une heure puis ouvre le papier, mets le cachet dans un verre de lait et avale-le très vite ! Demain matin, tu te réveilleras plus fort que ton bœuf. » Le patient suit à la lettre les consignes de son « pharmacien »... Et en ouvrant le bout de papier, qu'est ce qu'il a trouvé ? La capsule d'une bouteille de limonade ! Le lendemain, fou de colère, il vient rouspéter en inondant Si Abdellah d'injures. Celui-ci lui répond : « mais tu n'es plus souffrant comme hier. Tu hurles et tu grondes comme un ours. Alors, mon médicament-miracle a fait son effet ! »
3 - Le hangar et le prisonnier :
Par un bel après-midi, Si Abdellah fait un brin de causette avec un campagnard. Voyant un homme venir vers eux, Si Abdellah dit à son ami : «tu diras : huit et moi je te dirai : dix ! Ne pose pas de question, fais ce que je te dis, tu comprendras plus tard. » Quand « la victime » arrive, il les entend discuter bruyamment : « Huit ! non, dix ! Huit ! non, dix ! » II leur demande de quoi il s'agit, Si Abdellah lui explique d'un ton sérieux : « figure-toi que ce vantard prétend que mon hangar mesure huit mètres et moi qui l'ai construit, je suis sûr qu'il en mesure dix. S'il te plaît, veux-tu être notre juge et mesurer le hangar? Tu n'as qu'à faire de grands pas : chaque pas vaut un mètre. » L'homme s'exécute et quand il a atteint le bout du hangar, il se retourne et s'aperçoit que Si Abdellah vient de fermer la porte à clé, l'enfermant à l'intérieur ! Il se met à crier : « Si Abdellah, ouvre la porte ! Tu sais que je n'aime pas ces plaisanteries ridicules! Ouvre!» Et Si Abdellah de lui répondre: «ça t'apprendra à venir mesurer les hangars des autres ! Tu crois que moi, je ne connais pas les mesures. La prochaine fois, ne fais point de bonne action et aucun mal ne t'arrivera ! » II le laisse un bon moment hurler et supplier et enfin, il le libère... Le prisonnier n'a pas pris la chose à la légère et cela a failli dégénérer en rixe !
4 - La Grand-Mère et le pétard :
Voyant une vieille femme passer devant sa boutique, Si Abdellah l'appelle : « Où vas-tu par cette chaleur, grand-mère ? - Chez lalla AÏcha. Les femmes sont invitées à la circoncision de son petit fils. - Et tu y vas les mains vides ? C'est inconcevable ! Tiens, voici un peu d'encens. Ça vient directement de la Mecque. Il faut l'allumer par cette mèche. Ça donne un parfum édénique. - Merci mon fils, que Dieu te bénisse et éclaircisse ton chemin ! » Une fois chez son hôtesse, la vieille femme lui donne « l'encens », la priant de l'allumer tout de suite afin de parfumer la chambre. Si le fils n'était pas là, lalla AÏcha allumerait le pétard qui exploserait à la figure de ses convives. Et Dieu sait ce qui pourrait leur arriver sous l'effet de la surprise et de la frayeur!
5 - Le vendeur de poisson et la diablesse :
De temps à autre, Si Abdellah va arroser les arbres fruitiers au patio de la maison d'un voisin résidant à Casablanca, qui ne vient au village que pour les vacances estivales. Un matin, tandis qu'il « donne à boire » aux arbres, il entend la voix du vendeur de poisson. Il ouvre à peine la porte de la maison et l'appelle d'une voix féminine : « Pèse-moi deux Kilos de poisson, s'il te plaît ! » Le vendeur s'exécute et tend le sac de plastique à la « Hajba ». Une main rapide saisit le sac et la porte se ferme. L'homme réclame son argent. La « femme » lui répond : « Tu acceptes le troc ? Je te donne dix œufs en échange. - Non, lalla ! Je veux être payé en liquide : seize dirhams, s'il te plaît ! - ça fait combien en ryals ? - ça fait trois cents vingt. - Ecoute, quand tu auras fini ta tournée, va chez Si Abdellah l'épicier. Dis-lui que c'est Hajja Tamou qui t'envoie. Il te payera. Dis-lui que Haj Moussa le remboursera ». A peine le vendeur est-il parti que Si Abdellah sort de la maison, se précipite vers sa boutique et attend le vendeur de poisson avec un sourire de renard... Ce dernier ne tarde pas à venir sur son vélomoteur corrodé : « - Salam Alikoum ! C'est Hajja Tamou qui m'envoie. Elle te dit de me donner seize dirhams, le prix de deux kilos de poisson. Elle te dit que Haj Moussa te remboursera. - Qu'est ce que tu racontes ? Tu es tombé sur la tête !? De quelle Hajja Tamou parles-tu ? Je ne la connais pas. D'ailleurs, aucune femme du village n'a jamais vu la Mecque.! Cette « Hajja Tamou » t'a sûrement joué un mauvais tour. Cette femme t'a arnaqué, c'est sûr, Je te conseille de retourner chez elle si tu veux ton argent. Moi, je n’ai rien acheté, je ne paie rien !» Le vendeur enfourche son vélomoteur et retourne à la maison de Hajja Tamou. Il frappe si violemment à la porte que les voisins sortent effrayés : « C'est quoi ce tapage ? Qu'est-ce que tu veux ? - La femme qui habite ici ; Hajja Tamou. Je lui ai donné deux kilos de poisson qu'elle n'a pas payés. - Tu es fou ? Personne n'habite cette maison. Le propriétaire vient seulement en été. Sa femme n'est pas « Hajja » et ne s'appelle pas « Tamou » ! - Je ne suis pas fou ! Je vous dis que j'ai donné deux kilos de poisson à une femme, ici, dans cette maison ! Je suis sûr et certain comme deux et deux font quatre ! - Alors, puisque tu l'affirmes ; tu as vendu ton poisson à une diablesse ! » Le pauvre vendeur tombe dans les pommes ! Quand il revient à lui, Si Abdellah, ne voulant pas qu'il perde complètement la raison, lui explique la farce ingénieuse qu'il vient de lui faire et lui donne son argent. Tout le monde éclate de rire. Le vendeur, avant de partir, dit à Si Abdellah : « S'il y a un diable dans ce village, c'est sûrement toi ! » C'est la dernière farce que l'esprit espiègle de Si Abdellah a su inventer. On la raconte, récemment, dans tous lés villages voisins en se tordant de rire. Dieu seul sait ce que Si Abdellah prépare aux habitants de son bled ! Quand on lui demande comment il fait pour trouver ces idées abracadabrantes, il répond en souriant : « C'est très simple: Les gens d'ici sont si bons et tellement candides que l'on peut les rouler facilement. Dommage, rares sont ceux qui acceptent la plaisanterie sans se fâcher. De nos jours, on n'a plus le sens de l'humour comme avant. La vie devient si dure et si impitoyable que les gens ne rient que rarement. Pour se divertir, les villageois préfèrent regarder les âneries de la télé ! On n'y peut rien, c'est le progrès ! » | |
| | | achlhi
Messages : 32 Date d'inscription : 26/01/2009
| Sujet: Re: Gadiris à part Mer 4 Fév - 19:29 | |
| des portraits gadiris par excellence tel que ils se mettent devant une camera professionnelle d'un photographe humanitaire cherchant à décrire les profondeurs stéréotypes amazighes. j ai bcp aimé le portrait de mohmmad buthanout que grâce à lui l'amazighe à étendu son ail sur Casablanca et autre ville marocaine et même à l'étranger avec son caractères économique et sociale | |
| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Re: Gadiris à part Dim 8 Fév - 16:33 | |
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| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Houbane/l'amoureux Dim 22 Fév - 21:01 | |
| Houbane / l'amoureux
Assis au «café de la Grande Avenue» à ne rien faire, je tue le temps en jouant «sérieusement» aux mots fléchés dans le but de tester quotidiennement mon savoir et mes connaissances dans la langue de Racine. Je donne ma langue au chat devant deux définitions énigmatiques. A mes côtés, mon vieil ami râle encore en buvant son café noir, trop amer pour moi. Il grogne toujours. S'il ne trouve aucun sujet de protestation dans les domaines socio-économiques, artistiques, politique ou sportifs, il critique le temps. Qu'il fasse chaud, qu'il pleuve ou qu'il vente, il n'est jamais content! Dans notre petit groupe, on l'appelle « Ahmed / le Malentendu». C’est le malentendu en personne, un malentendu vivant! (Oh ! non ! n’attendez surtout pas que je vous révèle mon sobriquet: II est pire que le «Malentendu»)... Faisant semblant de réfléchir pour remplir toute la grille et sauver ma langue du chat qui commence à se lécher les babines, je regarde savamment les passants... Et le voilà qui vient, émergeant de la foule comme une âme en peine. Il vient se mettre au beau milieu du trottoir, regarde fixement les consommateurs sans mot dire. Puis il s'en va lentement sans importuner le monde qui l'entoure et disparaît dans la houle humaine... Cet homme qui vient de passer m'était très familier. Je voyage aussitôt dans ma tête et je fais un «Flash-back» digne d'un grand film d'auteur : J'étais encore collégien. Les garçons qui étudiaient au collège «Prince Héritier» allaient voir les filles du collège «Lalla Meryem» faire du sport, allez savoir pourquoi! Et là, devant le portail du collège, un jeune homme attendait patiemment la sortie des filles, à 17 heures. Il portait une chemise rouge, un pantalon blanc «Pattes d'éléphant» (en vogue à l'époque), des chaussures noires qui n'avaient jamais eu l'honneur de connaî¬tre le cirage. Il se peignait minutieusement les cheveux en y ajoutant de l'huile afin qu'ils brillent. Et à la main, il avait toujours des roses rouges. On l'appelait «Houbane» (l'amoureux). Il avait un sourire stupide, un peu timide. Il marchait et faisait des gestes comme une fille. Quand il riait, il se cachait la bouche avec la pomme de la main. En sortant des classes, les filles l'entouraient, le taquinaient, le chatouillaient, le pinçaient. Elles n'avaient nullement peur de lui. Il était anodin, aussi inoffensif qu'un bébé. Il était leur jouet! Cela ne le dérangeait pas du tout; il riait avec elles, leur offrait ses fleurs, leur disait des mots tendres. Elles lui demandaient toujours : «Où est Aîcha?» Il répondait toujours : «Aîcha viendra ;Aîcha ma belle, ma vie, ma raison. Elle viendra!» Pauvre Houbane! Tout le monde se moquait ouvertement de lui. Même les petits enfants le suivaient dans la rue en criant :«Houbane, l'amoureux! Houbane, le fou!» On m'a dit qu'un amour impossible l'avait rendu fou. Y a-t-il encore des amoureux fous à la fin du XXème siècle? Si l'Arabie d'antan avait son «Kaîss» et l'Italie son «Roméo», je peux vous affirmer que «Agadir» a son «Houbane».. . Dans une autre version, Houbane serait victime de la sorcellerie infâme des femmes. On raconte qu'on lui a fait «manger» un breuvage très spécial qui lui a fait perdre le nord et les autres points cardinaux. Qui croire?... l'essentiel est que Houbane existe encore. Il déambule dans les rues d'Agadir mais n'attend plus les filles devant le portail du collège. Serait-il guéri de sa maladie d'amour? A-t-il vomi son «Toukal»? Qui sait?... Je te salue Houbane, au nom de tous les amoureux, au nom de l'Amour. Tu resteras un mystère dans cette cité ingrate qui a vendu l'amour pour acheter l'hypocrisie et la méchanceté... Ah! si nous étions tous des «Houbane», Agadir serait.... | |
| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Re: Gadiris à part Sam 28 Fév - 12:10 | |
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| | | gar afgan
Messages : 184 Date d'inscription : 14/09/2008 Localisation : france
| Sujet: Re: Gadiris à part Mer 11 Mar - 16:41 | |
| Belle écriture,,style simple.Mais "pour faire simple, disait gustave flaubert,je sue sang et eau" . Paulo Coelho disait aussi:" narrer simplement,n'est pas donné à tous le monde".
Merci Mostafa,envoies le reste. | |
| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Re: Gadiris à part Jeu 12 Mar - 18:40 | |
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| | | Tanirt Admin
Messages : 737 Date d'inscription : 16/05/2008 Localisation : France
| Sujet: Re: Gadiris à part Dim 15 Mar - 0:56 | |
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| | | Mostafa
Messages : 163 Date d'inscription : 18/05/2008 Localisation : Agadir
| Sujet: Re: Gadiris à part Mer 18 Mar - 12:37 | |
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| Sujet: Re: Gadiris à part | |
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| | | | Gadiris à part | |
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