Kacem et Astrid à Timjiwcht
…Bourdonnement bruyant et désobligeant … La mouche décrivait de longues guirlandes acrobatiques au dessus du visage de l’homme étendu sur le dos, respirant fortement.
Soudainement, elle s’abattit comme un obus sur son nez en sueur. D’un geste vigoureux et instinctif, il la chassa et se tourna sur le côté gauche. Impertinente et téméraire, elle revint à la charge et vint cette fois se poser sur son front ruisselant. Insouciante du danger qui la guettait sur cette surface lisse et luisante, elle se mit à se frotter avec zèle la tête et les ailes avec ses pattes minuscules d’insecte perturbateur. L’homme remua la tête afin de la chasser, en vain… Voyant enfin une main menaçante voltigeant dans l’air, la mouche comprit qu’il était temps de lâcher prise et de laisser ce dormeur ronfler à son aise… L’homme ouvrit les yeux, releva la tête et sentit une terrible douleur à la nuque. Il s’aperçut qu’il haletait… Épouvanté… Il s’évertua à respirer lentement, de manière régulière, de peur de paniquer… Où était-il ? Il regarda à droite, à gauche…Étrange endroit… Il avait peine à distinguer. Des fibres lumineuses pleuvaient des persiennes d’une fenêtre, baignant l’endroit dans une faible pénombre … Il se familiarisa peu à peu avec cette lueur timide et se vit assis sur une natte, à même le sol, dans une chambre minuscule sans le moindre meuble… Étranges bruits à l’extérieur… Que faisait-il allongé dans cette pièce obscure ? Et cette douleur insupportable à la nuque ? Il se releva avec grande peine, s’efforçant de tâtonner dans le vide à la recherche d’une issue, d’une délivrance… Trouvant la porte, il saisit la poignée et poussa. La porte ne s’ouvrit pas. Il poussa encore et encore. La porte demeura close. Elle était fermée à clé. Il était donc enfermé ! Mais qui avait intérêt à le cloîtrer dans cette chambre nue et dans quel dessein ? Il tourna en rond, faisant un effort considérable de mémoire. Sa tête lui fit atrocement mal. Il ferma les yeux, se concentra un long moment… Soudain, tout lui vint à l’esprit d’une traite, crûment, violemment, comme un flash…Alors il s’écria : « Mon Dieu ! Astrid !... ».
La voiture bringuebalait lentement sur cette piste caillouteuse en cet après-midi frisquet d’hiver. Les chansons de la station radiophonique fusaient de la vitre de la portière et allaient se perdre dans la nature semi-aride de cette région ocre du sud. Tenant fortement le volant des deux mains, Kacem le tournait tantôt à droite, tantôt à gauche, évitant les gros cailloux de peur d’endommager la carrosserie ou les amortisseurs de sa belle voiture nullement conçue pour rouler sur cette piste à peine carrossable. Les secousses brutales faisaient rire la femme blonde qui n’arrêtait pas de taquiner son mari : « C’est comme si on faisait du rodéo, n’est-ce pas chéri ?
A cette allure, on arrivera à ton village la semaine prochaine ! Y a-t-il au moins des motels où passer la nuit ?
- Arrête de m’enquiquiner, s’il te plait ! Écoute la musique, admire le paysage et laisse-moi me concentrer sur la route !
- Tu appelles ça une route ? Mais quand arriverons-nous à la fin ? Je commence à me fatiguer, moi ! Ce n’est plus drôle.
- Patience, chérie ! On y est presque. »
Ils parcoururent encore une distance indéterminée et virent au loin des maisons rouges que surmontait le minaret d’une petite mosquée.
« - C’est ton village ?
- Je ne peux l’affirmer, chérie! Tous les douars de cette région se ressemblent.
- Ne me dis surtout pas que nous sommes perdus !
- Ne t’affole pas, chérie ! nous trouverons sûrement quelqu’un qui nous renseignera. Tout ira bien, fais – moi confiance ! »
La voiture atteignit enfin ce petit douar de nulle part, passa entre les maisonnettes laissant derrière elle une tempête de poussière et s’arrêta au centre d’un espace libre tout près de la petite mosquée. Alertés par le bruit du moteur, des gamins accoururent de nulle part et encerclèrent la voiture étrangère. Ils examinèrent les deux passagers et se mirent à rire et à pousser des cris. Ils étaient pieds nus, à peine vêtus de haillons incolores, visages hâlés, cheveux poussiéreux, cous crasseux, mains sales, ongles noirs, pieds fissurés. On aurait dit qu’ils n’avaient jamais pris un bain, qu’ils ne connaissaient pas ce liquide purificateur appelé « eau » !
Astrid ouvrit la portière et sortit, un appareil -photo numérique à la main. Elle se mit aussitôt à photographier ces petits êtres chétifs et pitoyables. Les enfants se cachèrent les uns derrière les autres, évitant de se faire prendre en photo par cette étrangère à la peau plus blanche que le lait. Kacem descendit à son tour, alluma une cigarette et scruta ce décor de désolation et de dénuement extrême en s’essuyant le front avec un mouchoir jetable. Un coup de vent transportant des brindilles souleva brusquement la robe d’Astrid. Voyant sa culotte rose, les petits voyeurs se tordirent de rire. Astrid baissa sa robe en partageant le rire des mioches. Une femme portant un « haïk » bleu passa, traînant une fillette vêtue d’une robe jaune sale et délavée, les cheveux hirsutes et blancs de poussière. La femme s’arrêta, vit la scène obscène, jaugea l’étrangère de la tête aux pieds et poussa un soupir d’indignation.
Astrid braqua sur elle son appareil- photo, mais la villageoise se voila le visage avec un pan de son « haïk », tira violemment la petite fille par la main et s’en alla précipitamment. Astrid les prit tout de même en photo, de dos, en souriant. Kacem vit alors un vieil homme noir comme le charbon, qui les observait de loin, adossé au tronc d’un arganier. Il décida d’aller lui demander son chemin.
Après les salamalecs traditionnels obligatoires, il demanda, en arabe, au vieillard : « Où sommes-nous ? » Le septuagénaire lui répondit en amazighe : « Nous sommes sur la terre de Dieu, entre les mains de Dieu, mon fils !
- Je veux dire, comment s’appelle ce douar ? je ne le connais pas et je suis pourtant natif de cette région. C’est là où j’ai grandi avant d’aller vivre en Europe. » Le vieil homme, tout en écoutant le jeune émigré, traçait des signes étranges sur le sol poussiéreux avec le bout de son bâton. Kacem, intrigué, ne put s’empêcher de lui poser cette deuxième question : « C’est quoi ces signes bizarres, grand – père ? » Le paysan fixa le visiteur dans les yeux un instant et dit d’une voix calme et impressionnante : « Tu poses trop de questions, mon fils. Sache, que Dieu te bénisse, que ce ne sont pas de signes bizarres. C’est un alphabet ; l’alphabet de la langue avec laquelle nous sommes en train de deviser. Cet alphabet s’appelle « Tifinagh ». Et pour assouvir ta curiosité bien citadine, ce douar s’appelle « Timjiwcht ».
- Ce qui signifie en Tamazight « Tempête », n’est-ce pas, grand-père ?
- Je suis heureux que l’Occident ne t’ait pas fait oublier la langue de tes ancêtres.
- « Timjiwcht » ?! C’est étrange, grand-père ; je n’ai jamais entendu parler de ce village. Serait-il récent ?
- Il est aussi ancien que ces montagnes rocailleuses qui nous entourent.
- Dis-moi, grand-père ; je crois que je me suis égaré. J’ai perdu le chemin de mon bled natal. C’est idiot, n’est-ce pas ? Je voudrais aller à « Amoudou ». Tu connais sûrement ce douar. Pourrais-tu me montrer le chemin ?
- Arrête de jacasser ! Tu parles trop ! Avant de te renseigner, j’ai une faveur à te demander…
- Tout ce que tu voudras, grand-père !
- Dis à cette femme blanche aux cheveux d’or et aux yeux bleus comme un chat, qui t’accompagne de cesser immédiatement de prendre des photos !
- Pourquoi ? Elle ne fait rien de mal !
- D’abord, nous ne sommes pas des créatures exotiques prêtes à « poser » pour les touristes ! Notre misère ne doit pas être exhibée dans les cartes postales. Nous avons notre amour propre, notre dignité, notre intimité. Cette étrangère n’a pas le droit de les violer sans une once de respect… Ceci est la raison cartésienne, et si tu veux une explication superstitieuse, je te dirai ceci : Les gens d’ici ont la phobie des photos. Ils croient que lorsqu’on les prend en photo, on leur dérobe une partie de leur vie ; on leur enlève une partie de leur âme à jamais. Alors mon fils, que Dieu te bénisse, dis-lui d’arrêter ! »
Kacem retourna vers sa femme. Elle distribuait des biscuits, du chocolat et des bonbons aux bambins qui se bousculaient, gesticulaient et demandaient leur part comme des oisillons. Kacem ordonna à son épouse de ranger son appareil-photo.
Astrid fit la moue, monta dans la voiture et claqua violemment la portière. Elle alluma une cigarette et fuma nerveusement en soufflant des nuages de fumée comme une cheminée. Les petits la regardèrent outrés, les yeux exorbités. Ils n’avaient jamais vu une femme fumer !
Kacem revint auprès du vieillard noir pour avoir le renseignement demandé. Au lieu de le renseigner, ce dernier lui demanda :
« - Tu ne m’as pas dit qui est cette mécréante !
- Elle n’est pas mécréante, grand-père. Elle croit en Dieu comme toi et moi.
Seulement, elle est d’une autre religion. Elle est chrétienne. Et elle est croyante. Je la connais bien ; c’est ma femme. Elle s’appelle Astrid, ce qui signifie en danois «Force divine ». Je respecte sa religion et elle respecte la mienne. Nous nous aimons et vivons en harmonie, en paix. N’est-ce pas cela l’essentiel, grand-père ?
- Elle est donc ta femme et elle est Danoise ?
- Oui, grand-père. C’est la première fois qu’elle visite notre pays. Je suis impatient de la présenter à mes vieux. Ils seront heureux de savoir qu’ils seront grands-pères bientôt. Nous avons préféré venir en cette saison car là-bas au Danemark, l’hiver est rigoureux, grand-père. Un froid à ne pas mettre le nez dehors !
- Mon Dieu, comme tu es bavard ! … Alors, comme ça, elle est danoise ? Très intéressant !
- Qu’est ce qui est intéressant, grand-père ?
-Rien, mon fils. Ne prête pas trop attention au vieux sénile gâteux que je suis ! …Écoute petit, pour aller chez les tiens ; tu vois ce monticule là-bas, tu… »
Kacem remercia le septuagénaire qui ne lui prêtait plus attention. Il l’avait complètement oublié. Il scrutait intensément l’horizon comme s’il attendait l’arrivée imminente de quelque chose ou de quelqu’un…
Kacem remonta en voiture et mit le contact. Le moteur émit un crissement aigu, le pot d’échappement péta et le véhicule se tut. Kacem essaya à plusieurs reprises, rien. Il sortit en proférant des blasphèmes dans sa langue maternelle à laquelle Astrid ne comprenait que dalle. Il ouvrit le capot, examina le moteur auquel il ne comprenait que dalle…Il touchait au hasard des vis, des boutons, des tubes en caoutchouc lorsqu’il sentit un coup violent à la nuque et perdit connaissance…
« Mon Dieu ! Astrid ! Pourvu qu’il ne lui soit pas arrivé malheur ! Dieu seul sait ce qu’ils lui ont fait! Dieu, ayez pitié de nous ! » … Il colla l’oreille à la fenêtre. Sa tête lui fit atrocement mal … Bruits confus, cris et appels, litanies inintelligibles, résonance de tambours et de «bendirs » … Des cliquetis à peine perceptibles ; On venait d’ouvrir la porte de l’extérieur. Il hésita un instant et fonça sur la porte qui s’ouvrit. Il sortit. Il faisait nuit…De la musique et des cris lointains… Il prit cette direction…Il courut à perdre haleine… Il constata qu’il tournait en rond. Il était dans des dédales vertigineux ... Des visages monstrueux surgissaient des murs et d’énormes gueules s’ouvraient pour l’engloutir. Il courait. Des sorcières vêtues de noir lui exhibaient leurs seins flétris et leurs derrières squelettiques en ricanant. Il courait. Des chacals hurlaient et des chiens aboyaient. Il courait. Des créatures cauchemardesques, affreusement poilues, hideuses et horribles remuaient leurs langues gluantes et rouges en émettant des sons sataniques. Il courait. Les enfants qu’il avait vus cet après-midi-là lui jetaient des pierres du haut des terrasses et lui crachaient dessus. Il courait. Des corbeaux croissaient et des hiboux hululaient. Il courait … Il courait… Tout à coup, il se trouva su la place du village. Il s’arrêta haletant et hébété. Le spectacle qui s’offrait à lui le médusa : Sa voiture était en flammes. Des hommes longilignes, parfaitement alignés, vêtus de «gandouras » bleues, jouaient du tambour et du «bendir». Des femmes en «haïks» bleus dansaient en cercle, les cheveux sauvages dans le vent. A milieu, Kacem vit sa femme couverte d’une espèce de longue étoffe noire en lambeaux, pieds nus, cheveux décoiffés, yeux hagards. Elle était en transe, une transe délirante et frénétique. Elle prenait de la terre à pleines mains et se la jetait sur le visage et les cheveux en tressaillant de tout son corps comme une possédée. Kacem l’appela en criant de toutes ses forces. Elle ne l’entendait pas. Elle ne le voyait pas. Il voulut la retenir mais deux colosses l’en empêchèrent. Chacun le prit violemment par une main, et l’immobilisèrent … Astrid continua sa danse diabolique sous l’effet des tambours et des « bendirs » dont la résonance s’amplifiait de plus en plus…Enfin, elle s’écroula par terre, évanouie, trempée de sueur. Les femmes la prirent, lui voilèrent le visage d’une étoffe rouge et la couvrirent tout entière d’un drap blanc en psalmodiant des prières incompréhensibles.
Un vieil homme noir se leva, brandissant son bâton. Toute l’assistance se tut. Kacem reconnut le septuagénaire de cet après-midi-là. L’homme parla : «Au nom d’Allah le Clément et le Miséricordieux ! Mes frères et sœurs ! A présent que le rituel de la purification a pris fin, que le jugement commence ! La sentence doit prendre fin avant l’aube. Je vous somme par conséquent d’être brefs, précis et clairs. La parole est à la défense ! »
Un quinquagénaire unijambiste se leva, aidé par un enfant, s’appuya sur sa béquille et dit avec emphase : « Fils de ma tribu ! Ne vous laissez pas emporter par la colère aveugle ! Écoutez la voix de la raison et de la sagesse ! Cet homme qui est des nôtres et sa femme sont innocents du crime dont vous les accusez. Oui, ce journaliste danois a commis un crime odieux et infâme en osant caricaturer notre prophète Mohamed, que la prière et le salut soient sur lui ! Oui, nous devons condamner cet acte barbare et le bannir. Mais l’épouse de Kacem n’a rien à voir dans cette histoire : Ce n’est pas parce qu’un écervelé irresponsable et dévergondé a commis une ignominie pareille que nous devons punir tous ses concitoyens. C’est absurde! Ce n’est pas en vous attaquant à ces deux êtres innocents et inoffensifs que vous aller résoudre ce problème épineux. Faire couler le sang ne fait qu’aggraver les choses. Bannissons la violence ! Choisissons le dialogue ! Nous arriverons sûrement à nous entendre et nous construirons à nos enfants un monde où chacun respecte et accepte l’autre dans sa différence et sa singularité.»
Un jeune barbu aux yeux perçants et à la mine menaçante se leva en retroussant ses manches. Il dit d’une voix forte, vibrante et pathétique : « Esclaves d’Allah ! Tout ce que vient de dire « Abidar », cet apostat unijambiste, n’est que radotage et infamie ! Vous savez tous qu’il a épousé une mécréante avec laquelle il a eu des enfants. Vous savez tous qu’il a vendu son âme à l’Occident. Et quand il a perdu une jambe dans leur usine de voitures, ni sa femme ni ses enfants n’ont voulu venir vivre avec lui au bled. Ils l’ont chassé comme un chien galeux ! Et maintenant il a le toupet de venir nous faire la morale et défendre cet apostat et cette mécréante comme lui ! Ces infidèles qui se permettent tout et ne respectent plus rien ! Et quand nous crions au scandale, ils nous accusent de terrorisme! Ils se cachent derrière ce qu’ils appellent « démocratie », « laïcité » et « liberté » et polluent, salissent, souillent et empoisonnent notre croyance, notre identité, notre histoire, notre patrimoine et notre civilisation. Et voilà que maintenant ils touchent, avec impunité et outrecuidance, à l’intouchable, au Sacré, à ce que nous avons de plus cher, à la prunelle de nos yeux ; à notre prophète que la prière et le salut soient sur lui ! Ces mécréants et ces athées ne méritent ni pardon ni pitié, Pas de pitié pour les ennemis de Dieu et du prophète ! A mort ! A mort ! Allah Akbar ! Allah Akbar ! »
Kacem voulait protester mais les deux gorilles le poussèrent à terre et l’obligèrent à se prosterner. Le septuagénaire voulait prendre la parole mais la foule déchaînée ne l’écoutait plus, ne le respectait plus. Abidar tenta d’arrêter l’émeute. Il fut bousculé et écrasé par les chaussures furieuses…On se rua sur Kacem et Astrid en hurlant : « Jetons-les dans le puits des vipères ! A mort ! Allah Akbar ! Au puits des vipères ! Allah Akbar ! … » Kacem se vit transporter comme une feuille morte par cette houle humaine déchaînée, en furie, prête à tuer. Le colosse ouvrit le couvercle du puits. Les femmes poussèrent des youyous stridents. On jeta d’abord dans le vide la Danoise encore évanouie, puis vint le tour de Kacem. Les deux gorilles le soulevèrent comme un chiot et le lâchèrent dans le trou béant et ténébreux en lui criant : « Va rejoindre ta putain de femme, fils de pute ! » Kacem vit déjà les crocs luisants des vipères…Il hurla si fort qu’il perdit connaissance…
Il fut réveillé par Astrid qui lui secouait l’épaule :
« Réveille-toi, chéri ! Réveille-toi !
- Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ? Où suis-je ?
- Ce n’est qu’un cauchemar, chéri, calme-toi ! Tu criais dans ton sommeil : « Le puits des vipères ! »
- Un cauchemar ?! … Oui, tu as raison, ce n’était qu’un rêve ! Un mauvais rêve ! … Mon Dieu !
- Alors, maintenant que tu as repris tes esprits, on peut reprendre notre route ?
Je t’ai laissé faire ta petite sieste tranquille. J’ai hâte de voir ton village et connaître tes parents. Je vais prendre des centaines de photos. Allez, en route !
- J’ai changé d’avis. On rentre à Agadir : j’ai des affaires urgentes à régler. On ira au bled plus tard, dans quelques jours. D’accord ?
- D’accord, mon loup ! Tu sais que je t’aime et que je suis prête à te suivre partout, même dans ton trou de vipères !
- Arrête, ne plaisante pas avec ça ! On ne sait jamais !
- Tu as peur que ton mauvais rêve se réalise ou quoi ?! Superstitieux, va ! »
La voiture démarra, fit demi-tour et prit la route d’Agadir.
Un vieil homme noir comme le charbon, adossé au tronc d’un arganier, observait de loin la voiture étrangère en traçant des signes étranges sur le sol poussiéreux avec le bout de son bâton…
Agadir, le 31 Mars 2006